Suzie
Qu'en est-il des paroles de lien et d'amitié ?
Il me semble, Suzie, que tu parlât trop vite
Tant tu prit garde par la suite
A éviter, ma foi, de trop me fréquenter

Qu'elle était belle, Suzette, et comme elle le savait !
Et tellement séduisante. Et ça, elle le savait ?
Tous les hommes l'aimaient. Est-ce que ça l'étonnait ?
Dûe-t-elle être surprise lorsque moi je tombais ?

Je t'aimais en silence, oh, deux ou trois années
Et, Suzie, moi, je pense que celà t'amusais
Mais je commis un jour ce crime impardonnable :
Je te dis mon amour, sur un ton raisonnable

Toi, toujours très convenable et comme il faut, d'ailleurs
Me fit savoir en termes choisis que je t'aimais en vain
Mais tu crûs bon, coquine, pour ménager mon coeur
D'amitié me parler et confirmer nos liens

Suzie, chère Suzie, je suis un être simple
Je crois ce qu'on me dit : je l'avais prit pour vrai
Et je suis désolé de te dire la tristesse
Qui entrâ dans mon coeur lorsque tu m'évitait

Si tu avais été une amie, tu m'aurais permit de te voir
Pour ne point trop souffrir de ne pouvoir t'avoir
Moi, je serais resté discret, léger
Et Je n'aurais rien dit qui eût pu te gêner

De temps en temps, tu m'aurais demandé :
"Comment va donc mon pauvre soupirant ?"
Pour soulager mon coeur et dédramatiser
J'aurais dit deux, trois mots, j'aurais été content

En échange de ta mansuétude, tu m'aurais demandé
Quelques petits services qui pouvaient t'arranger :
Te ramener du pain quand je passait te voir
Déboucher un tuyau, remplir un arrosoir.

Mais Suzie, fille convenable, préférât m'imposer
La sentence implacable : ne pas se rencontrer
Elle ne dit rien, Suzie, c'eût été trop méchant :
Elle était "occupée", elle n'avait "pas le temps" ...

Eh bien, tant pis pour moi ! Et tant pis pour Suzette :
De tous ses amoureux, j'étais le plus honnête.
Je suis fidèle en amitié, comme je le suis en ménage
De toi à moi, Suzie, qui de nous deux a été le plus sage ?

Rob