Le pénitent
Il regardait les ombres massées autour de lui.
Leurs chevelures brunes, leur sourire éternel
Lui arrachaient toujours comme une nostalgie
Qu’il aimait ressentir, dont il aimait le sel

Elles étaient de taille différentes, quoique plutôt semblables
Leurs pieds tous immobiles reposant sur le sable
L’une d’entre elles, il le savait, était bien réelle, et encore libre
Bien que plus pour longtemps : il lui fallait survivre

L’homme prit d’une main, presque sans y penser
Le fusil à un coup reposant à ses pieds
Sans regarder ses mains, car ça, il n’osait pas
Il ouvrit la culasse : la cartouche y glissa

Les ombres, comme toujours, ressemblaient à des anges
Celle qui était solide encore plus que les autres
Leur vue était un ravissement et inspirait louanges
Et lui, comme beaucoup, en était leur apôtre

La culasse claqua et l’homme ressentit
L’appréhension du vide au creux de l’estomac
Car l’on s’y attachait, ça tenait compagnie
Que lui resterait-il si elle ne bougeait pas ?

Il songeait à celle-ci, pour toujours pétrifiée
Lorsqu’il aurait fini sa douloureuse chasse
Il ignorait toujours, oui, d’où elles venaient
Y en aurait-il encore ? Son âme était bien lasse

Il regardait ailleurs lorsqu’elle s’approcha
Et sursauta à peine lorsque le coup parti
Et il la devina plutôt qu’il ne la vit
Se vider de sa chair. Elle s’immobilisa

Ses mains brûlées de poudre dormaient sur ses genoux
Son arme avait glissé, était tombée au sol
L’homme essuyât la larme qui roulait sur sa joue
Même vidées de vie, il les aimait encor

Il ne comprenait pas, ne comprendrait jamais
Pourquoi le Dieu d’ici lui envoyait des ombres
Plus belles que le jour, juste ce qu’il aimait
Pour les lui faire abattre, et le laisser si sombre

Rob