Lettre à Marcel
J’ai pas l’moral, poulette
J’suis fatigué, j’ai sommeil
Des émotions plein la tête
Et j’ai peur du réveil

Le clebs m’insupporte
Les chats : la caguère
Ma gratte, elle est morte
Mon p’tit cœur est amer

Y’a un keuf dans mon citron
Qui veut que j’abandonne :
« Soit raisonnab’, garçon,
Fait pas chier la bonne ! »

Et pis y’a aussi le teigneux :
« Sans blagu’, j’y crois pas !
T’écrase comme un péteux ?
Qui c’est qui fait la loi ? »

Et ça m’use, ça m’use, ça m’use
J’peux même pus taquiner la muse
Et j’paris même que ça l’amuse
De me savoir tout chamboulé

J’y ais fait quoi, moi, à c’te pimprenelle
Pour qu’elle me prenne tellement la tronche ?
J’ai le claquoir tout bouclé en face d’elle
Comme si qu’elle m’soufflait dans les bronches

J’suis tout penaud d’vant son p’tit corps
Et, putain, c’qu’il est mignon !
Mais pour qu’la meuf, elle soit d’accord
Dis-moi, poto, comment fait-on ?

En plus elle a du caractère
Une vraie chiasse, une vraie caguère
Et pour être franc, moi, tu m’connais :
Y’a rien à faire, c’est ça qui m’plaît

Mais non, c’est non
Et moi j’ai pas le savoir-faire
J’suis pas crésus, j’suis pas mignon
J’ai jamais su comment leur plaire

Comme un corniaud devant un os
Qu’il pourrait pas même approcher
Je tourne autour, j’me fais des bosses
Mais j’suis malade de l’aimer

Et tu vois, Marcel, tu vois, j’écris
Et, pour me faire rigoler
En argomuche tel qu’on l’bonni
Mais même ça, n’a pas marché.
Le Robert
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