Le supplice du silence
Comme j’aimerais te dire « je t’aime »
Chaque fois que ces mots se ruent
De moi vers toi, et quand bien même
C’est inutile et incongru

Comme j’aimerais pouvoir te dire
A chaque instant, que tu me manque
Mais il me faut le retenir :
Ce serait lettre inconvenante

Ainsi je vais, hantant les rues
Sans cesse en proie au manquement
De ta présence hors de ma vue
Au mépris du raisonnement

Pourquoi je t’aime ? Je n’en sais rien
Je peux sans peine voir tes défauts
Mais je me sens un galérien
Loin de sa terre et de son eau

Car, Dieu ! Que tu me manques !
Et comme c’est étrange, à la fin
Comme ton visage me hante
Comme je t’aime toujours en vain

Et comme toute ta personne
Semble sans cesse marcher
Tourner, danser légères rondes
Telle une ombre à mes côtés

Je ne vais pas, ce serait honte
De mon amour te harceler
Je te parlerais d’autres contes
Et ferais mine de t’oublier

Je ne laisserais plus aller
Vers toi les mots que je t’ai dit
Et de bien anodins sujets
Composeront tous mes écrits

Mes élans cognent à ma poitrine
Parfois mes mains, bien malgré moi
Commencent toutes seules d’écrire
Ces mots qui n’étaient que pour toi

Mais, sales bêtes ! Couchées, au pied !
Allez-vous bien enfin cesser
De vouloir dire à la divine
A quel point, en fait, je l’aimais ?

Ne risquons nous, un de ces jours
Par mégarde de laisser échapper
Un pauvre petit mot d’amour
Par qui elle serait froissée ?

Mais, Dieu, comme je t’aime …
Et comme il est dur parfois
De juste simplement se taire
Parce que ton cœur n’est pas pour moi

Rob