Ne vois tu pas comme c’est drôle ?
Ne vois tu pas, si on nous mets en parallèle,
L’étrangeté de ce que nous sommes et faisons ?
Toi, dans ta maison de poupées roses
Moi, dans mon hangar en tôle et béton

Toi, pleine de grâce, et féminine,
Moi si rude et rugueux souvent
Tes vers comme un regard qui domine
Les miens comme un mauvais roman

Toi, d’apparence petite chose
Et moi semblant bloc de métal
C’est moi qui fais de l’eau de rose
C’est toi qui tranches l’animal

Ne vois tu pas que c’est comique ?
Et pourrais tu voir ça aussi
Un taureau poète anémique
Une gazelle qui rugit

Et cela fait rire ma muse
Et comme j’aime imaginer
Ce qui en mes amis m’amuse
Ce qui, en moi, prête à gausser

Faut-il avoir les pieds sur terre ?
On me l’a dit tellement souvent
Moi, je n’ai cure de la glèbe
Je vais mieux quand je vais rêvant

Certains aiment trop la matière
D’autres se moquent en riant
Mais c’est nous qui rêvons la Terre
Et c’est eux qui marchent dedans

Ainsi, vois tu comme c’est drôle ?
Dans un mensonge nous vivons bien
Chacun de nous jouant un rôle
Qu’il prétend n’être pas le sien.

Rob