Natália
Elle est là devant moi, elle est belle
Jusqu’à ses cheveux qui s’emmêlent
Son regard calmement posé
Sur le mien, que j’avais osé 
Dans son printemps, on le devine
L’œil vif et clair, la peau lustrine,
Elle fut de tonnerre et de grâce
Sans un regard au temps qui passe 
Tais toi, mon cœur tais toi
Son printemps ne fût pas pour toi

  Dans son été, elle est divine
Elle est plus forte et plus tranquille
Sa chaleur moins réservée
Et son esprit plus achevé
Elle est vive, toujours, elle est flamme
Aime et nourrit ses illusions
Et mon esprit parfois s’enflamme
Lorsqu’elle partage ses visions 
Tais toi, mon cœur, c’est sûr
Son soleil n’est pas pour tes murs

  Est-ce l’automne qui paraît
Déjà au loin des commissures
De ses lèvres dont la césure
Me semble proche du parfait ?
Automne doux, calme et sans fard
Car il n’en aura nul besoin
Tel la forêt qui, sans retard
Roussit son manteau juste à point 
Tais toi, mon cœur, tais toi
Elle n’effeuillera pas ton bois

  On peut prédire son hiver 
Elle sera toujours droite et fière
Comme l’arbre qui tend au ciel
Son long corps nu et élancé 
Ornée de blanc, de fins réseaux
Le sien sera tel un roseau
Mais, l’âme, de foudre et de miel
Toujours plus forte et exercée 
Tais toi, mon cœur, tais toi
Elle ne neigera pas chez toi

  Mais j’aurais pu, au moins, Dieu me damne,
Oui, contempler la belle dame.
Rob